Glace ou chaleur ??!!
Dois-je appliquer de la glace ou de la chaleur?
Voilà une question que plusieurs professionnels de la santé se font poser plusieurs fois par semaine. « Appliquez de la glace en phase aigüe et de la chaleur en phase chronique. » « Finalement, si la chaleur vous fait du bien, allez-y avec ça par contre, si c’est enflé, ne mettez jamais de chaleur » et ainsi de suite…
Mais qu’en est-il réellement?
Le débat actuel ne réside pas uniquement dans le fait d’appliquer la glace à tel ou tel moment. Il accuse le manque de fondements scientifiques qui ont mené à l’utilisation de la glace lors d’une blessure, d’une contusion ou en situation post-opératoire depuis plusieurs décennies par la médecine moderne.
Que se passe-t-il durant la phase inflammatoire?
En fait, la phase inflammatoire qui succède un trauma est nécessaire à la préparation des tissus aux prochaines phases de réparation et de remodelage qui constituent le processus naturel de guérison.
Cette réaction en chaîne que le corps humain a développée est un excellent système de défense contre les agressions externes. Pourquoi veut-on toujours la réduire, l’arrêter ou ralentir sa progression?
Durant la phase inflammatoire, une vasodilation s’installe afin d’amener davantage de sang, dont les globules blancs qui permettent de nettoyer le site de la blessure, ainsi que les agents précurseurs dans la réparation des tissus lésés. L’inflammation agit également comme un système d’alarme qui nous force à protéger les structures endommagées afin d’éviter de les abîmer davantage comme par exemple l’incapacité à mettre du poids sur une cheville blessée. Par la suite, le système lymphatique travaille d’arrache-pied pour drainer les déchets organiques et réduire l’excès d’oedème du site de la blessure. La littérature actuelle supporte l’utilité de l’élévation (mettre un pied enflé sur le dossier du divan par exemple) et de la compression (taping ou bandage) afin d’aider le système lymphatique à effectuer sa tâche.
L’utilisation de la glace remise en question.
Oui, la glace possède un effet anesthésiant en réduisant temporairement la douleur. Cependant, ce serait le seul rôle bénéfique attribué à celle-ci car, par ailleurs, elle va à l’encontre de la phase inflammatoire nécessaire au corps. D’après les récentes études, la glace nuirait aux processus naturels de guérison des tissus en créant une vasoconstriction, diminuant ainsi l’apport sanguin au site de la blessure. En effet, la glace réduirait la quantité de macrophages (cellules de nettoyage des déchets organiques) et l’apport de nouvelles cellules. De plus, ces nouvelles cellules de réparation seraient plus petites, moins nombreuses et leur maturation visiblement réduite. (Takagi et al 2011).
Et la chaleur dans tout ça?
La majorité des professionnels de la santé s’entendent, jusqu’à maintenant, pour éviter la chaleur en phase aigüe pour ne pas aggraver le saignement et augmenter excessivement l’inflammation. Elle peut être utilisée dans les cas de raideurs, tensions musculaires et de douleurs légères afin de favoriser l’activité cellulaire, d’améliorer la circulation sanguine, d’assouplir les tissus et de diminuer la douleur, une fois la phase inflammatoire passée (entre 7 à 10 jours en moyenne après la blessure).
Conclusion:
Il y a lieu de se questionner sur les raisons pour lesquelles la glace est si fréquemment utilisée dans notre médecine moderne. Les études actuelles n’ont pas démontré que la glace apporte un réel bienfait excepté la diminution temporaire de la douleur, ce qui contribuerait tout de même à réduire la prise d’analgésiques ou d’anti-inflammatoires oraux lorsque les douleurs sont difficiles à tolérer. Dans le même ordre d’idée, l’utilisation précoce d’anti-inflammatoires durant la phase aigüe d’une lésion est également remise en question sensiblement pour les mêmes raisons que la glace. Pourquoi utiliser des anti-inflammatoires d’emblée pour réduire une inflammation dont notre corps a besoin pour se réparer?
Et vous, qu’en pensez-vous? La prochaine fois que votre enfant se cognera le genou, irez-vous quérir un sac de petits pois au congélateur?
Article rédigé par Amélie Gagnon,
Physiothérapeute chez Clinique Synergie Prosanté.
Référence :
1. Dr Bahram Jam, PT, Questioning the use of ICE Given Inflammation is a Perfectly Healthy
Response Following Acute Musculoskeletal Injuries, Advanced Physical Therapy Education Institute
(APTEI), Thornhill, ON, Canada, 20 mai 2014, Article publié sur www.aptei.com.
2. Takagi, R, et al. Influence of Icing on Muscle Regeneration After Crush Injury to Skeletal Muscles in
Rats. Journal Of Applied Physiology, 1er Février 2011 vol. 110 no. 2 382-388